L’univers de la couleur d’Eva Enders
3 mars 2012 au Musée de Tanger
Nous avons le plaisir de présenter la peinture d’Eva Enders, femme peintre originaire de Coblence en Allemagne.
Pour comprendre son travail, il est important de connaitre le parcours qui l’y a menée. Dans les années 80, elle fait des études d’ingénieur textile et de dessinatrice pour textile. Elle passe son diplôme en 1992 à la Fachhochschule Niederrhein. Le thème de son diplôme est consacré au peintre informel Karl Otto Götz, dont le travail va lui donner un premier essor.
La même année, elle fonde le groupe Aktionsgruppe rheinland-pfälzischer Künstler e.V. qui réunit des artistes travaillant tous dans la région, groupe qui va fêter son vingtième anniversaire cette année.
1994, elle entreprend un premier voyage n Chine et y découvre Pékin, la Mongolie, le Tibet. Elle va devenir le moteur de plusieurs expositions entre la Chine et l’Allemagne, enseignera à l’académie des beaux-arts de Tianjin en 1996, puis en 1999 à l’Université Hebei à Sichuan. La même année, elle est co-fondatrice du KKT, en cercle qui s’efforce de créer des liens entre la science l’industrie et les arts des eux pays.
Je ne cite pas tous les voyages presqu’annuels qu’elle a fait dans diverses contrées de Chine, auquel il faut ajouter des voyages à Cuba, en Namibie et Djakarta. Dans tous ces pays, elle va organiser des expositions, qui permettront aux artistes des groupes d’artistes dont elle s’occupe, d’être présentée à l’étranger.
Si j’ai tellement insisté sur les voyages, c’est qu’ils sont d’importance primordiale pour son travail. Alors que ces premiers pas d’artistes sont des œuvres purement abstraites, les impressions de voyage vont de plus en plus marquer son travail. Sans que l’on puisse dire qu’elle fait dans le paysage, l’on ressent très fortement les émotions ressenties lors de ces voyages. Ce n’est certes pas un hasard, si le conservateur du musée à demander à Eva Enders de présenter plusieurs tableaux dans les tonalités orange, car elles reflètent la vivacité et l’intensité des couleurs du Maroc. Pendant que les trois plus petits transmettent l’impression de la vivacité des contrastes qui tranchent net sous l’influence de la lumière intense à contre-jour, celui du centre, directement inspiré de son dernier voyage au Maroc, nous montre des fondus de couleur relevant du mirage. Les tons de bleu et d’orange s’y fondent, les contours se liquéfient comme sous un soleil trop intense le bleu du ciel se confond avec la chaleur du sable.
Bien que nous ne voyons que des œuvres peintes, il existe toute une série de photographie reproduite sur toile, une technique qui a elle aussi influencé l’artiste Il est intéressant de voir que dans les deux grands tableaux bleu, ceux-ci présentent eux barres très nettement distingue de la peinture plutôt fluide des parties qui suggèrent des marines. Ces barres apportent au tableau un encrage qui permet de fixer le paysage dans une certaine perspective, bien que l’on ne puisse parler dans son cas de profondeur. La peinture reste en surface de la toile et se refuse à devenir trop narratif.
L’on croit voir une écriture teintée de l’esprit des calligraphies chinoises dans les petits tableaux situés à l’entrée de cette salle et qui a mon avis, ont un attrait tout particulier. C’est comme si dans le petit format, Eva Enders fouillait pus son travail, ce qui lui confère une rare qualité. On y retrouve beaucoup plus la narration d’un lieu, qui reste ouvert à toute interprétation. Ce sont des lieux qui reflètent une expérience vécue, mais qui restent suggestifs et ouverts à toute interprétation du lecteur. Il s’agit plus d’une nature symbolique – la mer, le sable, le fleuve, la montagne – que d’un lieu précis.